Ballade [des dames du temps présent]
Grâces soient rendues aux Chiennes célestes
à François Villon
André Chénier
et à Jules Michelet
dites-moi où en quelle Galerie
sont Sarah riant de son âge
Lucie et la belle Marie
qui perçoit l’écume et la plage
une chasseresse en guenilles
faisant vitrine et pied de grue
exhibe la forme des filles
Origine du monde pendue
que renverse l’ébranlement
du reliquaire des os canins
incurvé sans discernement
moment magnetising current
quatre passages de l’image
prenant la vue d’une vision
autant qu’instant venu d’orage
brouille nudités d’illusion
pendant qu’Écho du mur d’en face
ressasse rose tapissier
pour que l’acte passe et repasse
laminer le plat du papier
je ne vois plus qu’anatomie
sans le sourire de l’amie
et sans doute moins qu’Apulée
la buche métamorphosée
dessus de la pierre d’évier
la reine a posé son collier
elle chantait la familière
et transformait la serpillère
en barbe rousse ébouriffée
trois femmes présentent autre pose
que l’enjolie qui est montrée
dans le geste édictant la chose
mais où sont-ils, désirs souverains,
mais où sont les plaisirs d’antan ?
deux buches de pin entêtées
mêlent bleues rouges les années
« croyez-moi » s’écrit une épreuve
et vous recouvrirez peau neuve
Le petit galopin dans le ciel
des chiennes bêlant dans le noir
collées à un taillis de miel
elles ont gémi le désespoir
l’entre deux lignes fait grief
renversement à la surface
crayon met le bouc en relief
elles-mêmes lui feront face
nous te montrerons le chemin
je broderai au cheveux fin
une autre Carte du Tendre
Éléonore-Astrid-Capucine-Emma-Colette-Célestine saura te prendre
tel que perdure dans l’action
le doigt fait anicroche
et l’ébranlement suit l’accroche
mais ce n’est pas prémonition
des munitions de l’armement
j’éprouve des vibrations dures
mon lever de rideau palpita
d’actes physiques sans figures
j’ai hâte mais j’ai jappé déjà
comment souffrir ce laminage
d’outrancières exhibitions
les corps ont perdu leur matière
Chiennes en sortent en précision
Là où il y eu de l’eau il y aura eu fécondation
Anémone des bois, des sources, des montagnes
toutes frappant leur sein et trainant un long deuil
répétèrent « hélas ! » autour de cet écueil
les trois femmes excédées prenant compagne
du grand nom « Sorcières »
Une petite chienne blessée
lèche sa plaie salée
dans le Palais d’un presbytère
des tornades de limonade très remontées
brisent les branches assemblées
vulves verges anus recommencent à exister
les uns aux autres confondus et cachés
blurring of art and life de l’espace cabot
entre les atomes féminisés proteste
la constellation des Chiennes célestes
traçant patte d’arbre au sabot
et nous marchons comme une jambe
Adélaïde et Marcelle vont de concert
dans le désert chasser les papillons
d’une jeune bergère en pantalons
Loin des fourrés loin des motifs prédécoupés
Notre envie de nous changer en louves
De courir librement la forêt
S’est élevée aux cieux les plus orageux
Au milieu des chiens nous nous sentons sauvages
On se fait femmes fauves
Chiennes célestes mordent
À mort
Actéon
Catherine Pomparat
18 mai 2018